Alexandre de Laborde fait partie de ces personnages de la première moitié du XIXe siècle que l’histoire a oublié au coin d’une rue placardée à son nom, dans le 8e arrondissement de Paris. S’il n’a pas eu de rôle majeur à jouer de son temps, il fut cependant le témoin attentif et l’acteur passionné d’une époque mouvementée, se frayant un chemin, souvent épique, de la Révolution aux Trois Glorieuses, de Louis XVI à Louis Philippe en passant par Bonaparte, Napoléon, Louis XVIII, les Cent-jours, Charles X... Tour à tour militaire, politicien, diplomate, député, archéologue, académicien, écrivain et éditeur de génie, cet érudit aussi élégant qu’atypique, aux emplois multiples et brillants, fut à la fois engagé, précurseur et visionnaire. C’est à lui que l’on doit les premiers inventaires des monuments historiques menacés par la Révolution, l’amélioration de l’univers carcéral, les trottoirs, l’enseignement de la gymnastique dans les écoles, ou encore la distribution d’eau à tous les étages… On lui doit aussi l’acheminement et l’érection de l’obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde, les négociations du mariage entre l’empereur Napoléon Ier et la maison d’Autriche.Ecrivain extraordinairement éclectique, il commit des ouvrages dignes des grands humanistes, tant sur l’Espagne que sur les plus beaux monuments de France ou encore le Versailles ancien et moderne…Sa vie, à l’instar de son imagination débordante, se déroule comme un roman qu’on lit d’un trait. Impossible de s’ennuyer avec Alexandre de Laborde, sous la plume alerte de son biographe et descendant de la 6e génération ! Que ce soit à Méréville – chez son père, Jean-Joseph, le grand banquier de Louis XV– en compagnie de ses intimes – Lucien Bonaparte, Chateaubriand, le duc d’Orléans – ou en Orient qu’il sillonna comme les couloirs de l’Assemblée, c’est un voyage à la fois romantique, enlevé et haut en couleurs.