Chaque rentrée littéraire, nous nous attendons à être surpris, ouvrir un livre est se dire : « je la tiens, ma perle de cette année ! » Et quelle perle..! Une pierre (précieuse et loin d’être sèche !), un lumineux petit pavé dans la marre romanesque de cette rentrée… Après un violent orage, Monsieur Sécaillat vient toquer à la porte de son voisin, le narrateur, pour lui faire part de sa découverte après l’effondrement du mur séparant leur deux propriétés. Ces deux protagonistes, qui n’entretenaient guère contact, se voient embarqués dans une fouille archéologique clandestine qui changera leur vie… Un chat aux pattes de hussard, des légendes, des mythes et ce pays de Provence qu’est le Luberon nous est ici conté avec une rare émotion, servit par une merveilleuse langue hybride, mi française, mi provençale, où Giono, Bosco, Mistral et Pagnol se joignent à cette symphonie pour notre plus grand bonheur. Sa chante, sa crépite, sa souffle, Olivier Mak-Bouchard nous emporte avec lui dans ce voyage à travers le temps et l’espace, nous invitant à prendre, tel Syrius, un peu de hauteur afin de contempler cette terre qui lui est si chère, ballotée par cet indomptable Mistral, tout en nous rappelant à juste titre notre petitesse face au cosmos… (N’est ce pas la définition du Sublime chère à Longin..?) Plus qu’un (premier) roman, c’est une fable mythologique, « un bel mentir » qui nous rappelle à juste titre la justesse de cette sagesse païenne et ancestrale de nos ainés, une bouffée d’air frais, une parenthèse enchantée en ces temps difficiles. Et fatche ! Que ça m’a plu !