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Après "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell, "Les Sentinelles" de Bruno Tessarech, "Yan Karski" de Yannick Haenel, voilà le dernier opus inspiré de la seconde guerre mondial. Comme les précédents il s'inscrit ainsi dans le débat voire la polémique des récits qui intègrent les événements historiques de la Shoah à la mise en oeuvre romanesque. Ici l'auteur centre son récit sur la personnage de Heydrich, éminence noire du régime nazi, véritable cerveau de la solution finale. De l'enfance un peu chahutée à l'ascension fulgurante d'un fonctionnaire SS zélé se construit au fil des pages l'archétype du nazi convaincu et redoutable, érigé en modèle par Hitler. En contrepoint de la figure de "la bête", on découvre le portrait des résistants tchèques formés pour mettre un coup d'arrêt aux agissements du "bourreau de Prague". Le lecteur amateur d'Histoire suit avec un véritable intérêt ses portraits croisés. Il est cependant dommage que dans ses assertions, Laurent Binet ne cesse de dénoncer le processus romanesque comme forcément mensonger en comparaison de ce que serait la pureté du texte historique. Une dénonciation curieuse quand précisément on choisit de faire un roman et de jouer avec ses codes !! Le débat continue...