un bijou insoupçonné!!
Berthe, 102 ans, canarde les flics venus l'arrêter chez elle. Un peu plus tôt, elle tire sur son voisin et permet à un jeune couple recherché de s'enfuir. Démarre alors une garde à vue des plus inattendues, pendant laquelle Berthe va dérouler sa vie sur le ton de la confidence, auprès d'un inspecteur complètement dérouté par ce petit bout de femme qui semble avoir eu une vie qui ferait pâlir les criminels les plus aguerris.
On s'en tiendrait là, je vous dirais que j'ai lu une excellente comédie déjantée et irrévérencieuse, truffée de dialogues jubilatoires menés par cette petite bonne femme dotée d'un sens de la réparti hors du commun. J'ai ri comme une poire derrière mon masque dans le métro. MAIS. Premièrement, la plume de Benoît Philippon:ça swingue, ça fuse, ça décape. On rit à gorge déployée et on applaudit le talent de l'auteur quant à la maîtrise de la langue et des mots d'esprit. Une plume vive et intelligente. Un travail d'orfèvre. Et d'un coup, BLAM, on tombe dans la poésie au moment où on s'y attend le moins. Parce que la Berthe, elle a connu trois guerres : la Première et la Deuxième guerre mondiale. Mais surtout, elle a connu la guerre des sexes. Dans son village du Cantal, Berthe a compris très jeune qu'il lui faudrait apprendre à se prémunir de la violence des hommes. A partir de là, les aventures rocambolesques de Mémé luger se transforment en un prodigieux récit féminin, brossant le portrait d'une femme impétueuse et indépendante, résistant contre l'oppression du patriarcat.
Caustique, jouissif et poétique : un sans faute!